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Hivernage de Samuel Blanc en Terre Adélie
15 octobre 2006

un an déjà !

17lettre n°45 : dimanche 15 octobre 2006 (lettre du papa)

Oui, un an, Samuel que tu es comme sur une autre planète. Au prix de conditions souvent difficiles voire périlleuses, tu vis à plein poumons en osmose avec la nature quasiment vierge. Saluant le beau temps comme le mauvais ; la maman phoque de 600 kgs comme le bébé manchot, plume emportée par le vent ; souhaitant que l'homme ne vienne jamais là-bas "foutre son bordel" (là, je te cite) dès lors qu'il se croit supérieur à l'animal, à la mer, au vent, à la glace...dès lors qu'il invente la nécessité économique comme seul objectif pour dompter la nature qui, faisons lui confiance, ne se laissera pas faire. Nous venons de vivre un an aussi près de toi que peuvent le permettre les 17600 kms qui nous ont séparés un temps.  Avec toi là-bas, nous avons changé ici. Sûrement plus modestes et contemplatifs encore devant la splendeur de la nature. Sûrement plus sévères et combatifs encore face aux gens et aux systèmes qui ne la respectent pas.

Maintenant il te faut revenir. Tu nous l'a dit depuis longtemps : ce sera dur. Non pas de retrouver les tiens et ceux que tu aimes et qui t'ont souvent languis un peu sans te le dire, mais de retrouver la planète où nous sommes. Il s'y trouve des gens bien, tu verras. Des animaux à protéger qui t'attendent, et qui parlent encore à l'homme qui veut bien les entendre. Une terre que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir sauvegarder puisque comme l'a dit le poète, "nous l'avons empruntée à nos enfants". La nature a des ressources : l'homme en est une parmi les autres. Mais comprendra-t-il un jour qu'en les pillant, il se pille lui-même ? L'animal l'a sûrment compris, lui, qui ne cesse de nous le dire ainsi que le ciel parfois en se fâchant.                                                                                                                 07    Un an. Qui a dû te paraître si court au milieu des copains, des manchots et des glaces. Si long, lorsque la nuit l'emporte sur le jour et qu'on a peur, là-bas comme ici, de la nuit de nos doutes, de nos angoisses. Si court, lorsqu'on "n'a pas vu passer la journée" et qu'elle fût remplie de bonheur et de rencontres.   Un an pour nous et ce régal d'entendre de la part de tant d'amis à remercier : "et Samuel, comment va-t-il ?"  Nous avons toujours répondu que tu allais bien. Vrai. Il n'était qu'à lire tes lettres, savourer tes images. Même ce qu'on ne s'est pas dit était bien...      Un an à se dire que nous sommes tous en capacité, là où nous vivons, à nous surpasser, à savourer l'instant qui nous est donné, à s'enthousiasmer devant les petites merveilles de la vie. Viennent la tempête ou le vent catabatique, la solidarité nous fera solides et bien ancrés.   Un an que nous sommes tous en Antarctique. Voilà ce que je voulais te dire de la part de nous quatre et de tous ceux qui se retrouveront dans ces quelques lignes. Merci.  Dans quatre mois nous serons à ta descente d'avion, là où d'un signe, il y a juste un an, nous nous sommes dit au revoir, que tout ira bien, qu'on s'écrira, que ça passera vite, que tu prendras soin de toi...Tu te rappelles d'une de mes lettres :"mais qu'est ce qu'il va faire là-bas le fiston ?"  Je ne sais pas comment tu as fait pour me renvoyer la question. La réponse en tout cas m'est parvenue le jour de ta première rencontre, si bien décrite, avec "le regard du manchot empereur en plein règne de la lumière".

Nous savons ici que vous pleurerez tous en les quittant. Eux aussi. Même de joie, les larmes des manchots sont comme celles des hommes : légèrement amères, mais pleines de promesses...

08

                                          

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